Les journaux, n'en lisez plus.
... Hommes radio-télé-guidés...
... Le journal est un poison où s'exténuent les démocraties. Les journalistes sont des démiurges que démange un prurit de littéraire. En achetant un journal vous payez pour votre propre malheur. Le talent de quelques-uns de ces plumitifs n'est jamais à hauteur de votre coeur et flatte tout au plus certaines de vos passions apprises à l'école. Je ne parle pas aux imbéciles, en ce moment, mais aux hommes qui se reconnaîtront à me lire et qui me prennent par le bras comme on prend un ami, son frère. Le journal est votre maître à penser, mais un maître qui sait, un qui connaît la question. Le journal est une idée de financier, c'est aussi le bâton de la puissance. Brûlez le journal, vous brûlerez le bâton, et la puissance s'évanouit. N'oubliez pas qu'en achetant Machin-Soir, tous les soirs, vous achetez un patron portable, que vous installez chez vous et que vous écoutez. Avec celui de l'usine cela fait un peu trop dans la journée. Il vous dit d'aller à Colombes pour le match France-Angleterre. N'y allez pas. Allez plutôt voir les fleurs dans un jardin, même dans un jardin photographié. L'évasion n'est jamais qu'une construction de l'esprit...
Léo Ferré