Pour ton
premier anniversaire, on ne savait pas trop quel cadeau te faire. Tu as tout ce
dont tu as besoin, et de l’amour à revendre. Mais ce serait vraiment dommage de
le brader, on s’est dit, alors on va t’offrir une seconde maison pour que tu
ais la place d’en profiter.
Bien sûr on se verra un peu moins souvent, mais tu verras ce sera bien quand
même. Ce sera mieux de toute façon, on sera heureux. Tu m’en
voudras peut-être plus tard, mais sûrement moins que si l’on attend encore. Tu
en pâtirais d’avantage, c’est certain.
Tu sais le pire dans cette histoire, c’est bien la façon dont tu vas me
manquer.
Ou alors la manière dont tu t’accommoderas de mon absence, je ne sais
pas.
Lettre à ta mère
Je sais,
je suis le monstre qui brise ton rêve de petite fille. Je ne serai pas celui
qui vieillira avec toi. Je ne serai jamais le père d’un petit frère, en tout
cas pas celui que tu aurais voulu.
Celui que tu voulais parce que deux enfants c’est bien, parce que une fille et
un garçon ce serait encore mieux, parce que deux ans d’écart ce serait l’idéal,
parce que si on le faisait maintenant ton congé n’empiéterait pas sur tes
vacances estivales.
Un enfant, c’était peut-être déjà suffisamment égoïste.
Mais attention, ne va pas croire que je regrette, c’est loin d’être le cas.
Nos visions se sont trop éloignées pour pouvoir encore se croiser. On n’y peut
plus rien. Tu es celle qui amasse, qui prévoit, qui projette alors que je
ne suis qu’une cigale aux poches percées. On ne s’aimait plus que par habitude,
et c’est trop triste.
Tu n’imagines pas à quel point c’est difficile d’avouer ne plus aimer après
treize ans. Me l’avouer a pris du temps, te l’avouer n’était pas évident. Je
sais, c’est indécent de te dire ça alors que c’est toi qui l’as pris en pleine
gueule, mais pour être honnête, il faut bien que je commence par l’être avec
moi, et puis avec toi.
Tu pensais que l’on pouvait rattraper le coup, une fois de plus. Sûrement, oui,
on aurait pu, mais pour quoi ? Quelques semaines, quelques mois, un an
d’une pseudo félicité plus ou moins hypocrite ?
Le plus dur pour toi a sans doute été la remise en cause de ton bonheur planifié,
et tu as eu ce relent de passion qui t’a fait proférer ces menaces. Horribles,
à me donner des sueurs froides, mais ça ne pouvait rien changer tu sais. Indignes,
je ne les méritais pas, et surtout pas elle.
Tu as bien fini par l’admettre toi aussi, l'inéluctable.
Quand tu m'as rejoint au milieu de la nuit sur le canapé où
s’élisent mes nuits, que tu t’es blottie et que, la tête sur mon torse, tu m’as promis de faire les choses bien, de ne pas fuir, de ne pas me l'enlever, tu n'imagines pas ce que j'ai ressenti.
Tu m’as chatouillé prétextant que j’en avais besoin et on s’est glissé sur les
joues un baiser de bonne nuit. Ce moment tendre, je crois qu'on se le devait bien...
Je traînais avec des filles un peu plus jeunes, tu traînais avec des filles un peu plus vieilles. J’avais vingt-et-un ans et toi seize. Tu avais oublié volontairement ton portefeuille dans ma voiture mais comme tu avais oublié par inadvertance ton pull à la pizzeria tu l'as récupéré vu que le lendemain je pouvais te rapporter ton pull plutôt, en fait. Le lendemain, je t’ai dit que je mourrais d’envie de
t’embrasser sur le banc sous les marronniers.
Ni toi ni moi n’aurait imaginé que
ce premier baiser nous mènerait là. Mais à l’inverse de toi, j’accorde plus d’importance
au voyage qu’à la destination, et le nôtre était beau. Je n’irai pas jusqu’au
désastre avec toi. J’ai trop honte d’éprouver de plus en
plus souvent trop d’exaspération à certains de tes sanglots. Je ne le supporte plus.
Tu as certainement plus peur que moi, et c’est bien ce qui me fait le plus mal.
Je suis fait pour vivre seul et mon angoisse s’adoucit par l’envie. Mais j’ai
mal pour toi.
Tu sais le pire dans cette histoire, c’est que je crois bien que tu ne vas pas
me manquer.
Ou alors seulement pour de mauvaises raisons, j'en ai peur.
Etrange sensation, cet apaisement mêlé d’une farouche et effrayante attirance pour
l’inconnue…
P.a.m.
Jeune
homme, la petite trentaine, 1m75/65kg, brun grisonnant, yeux bleus, clou dans le cou
(sans p à cou et sans g à clou), fine bouche, oreilles délicates, joli cul,
amoureux fou de musique, aimant boire, manger et fumer, adorateur de Desproges,
ayant lu tout Benacquista et relu un Rostand, amateur de Burton, d’Audiard, de
Tarantino, d’Hitchcock, de Jeunet, de Caro, des Cohen, de Shyamalan, de Sautet, de
Chabrol, des Nuls, des Robins, de Jaoui, de Bacri, de Lino, de Poiret, de
Darmon, de Mondy et de Cordy… cherche jeune femme charmante, spirituelle, coquine
et bourrée (parfois) de tunes (négociable). Age indifférent.
Blonde à forte poitrine s’abstenir. Pareil si t’aimes pas la musique ici.
Quand ça capote, ça a quel parfum ?
Un truc auquel on n'a pas pensé dis donc, je vais devoir acheter des capotes.
Et les mettre aussi, putain... Alors là ça, moi tu vois, ça m’troue l'cul. Pas toi ?
M’ouais, m'ok, on en est pas encore là...