L'éternité de l'instant
Les mots ne sont pas les miens, ce sont ceux de Romain Humeau.
Je m'en suis tellement abreuvé ces derniers jours.
J'ai fini par les mélanger dans un grand verre avec un peu de ma glace.
J'ai tout bu cul sec... Le goût est différent... J'ai tout vomi comme ça :
J'mate mes chaussures
Je n'ai pas fière allure
Fanfares d'alcool pour tout trasher
Chien enragé
Ô combien j'aimerais m'arracher à moi-même
Toucher du bout des sens, le bout des mondes
Qui, c'est sûr, abondent en trésors cachés
Puisque la vie est ainsi
Et que nous n'sommes pas comme ça
Beauté, beauté du diable
Aux détours des saisons
Tu m'avais donné ton prénom
De ceux qui rendent une autre vie possible
Une vie invisible
Que nos chairs prennent la fuite
A partir de tout de suite
Et dans un remue ménage
Nous griffonnions sur blanche page
Je voulais te voir dans un joli destin
Percuter au hasard une ligne de ta main
Voir si ton coeur battait un peu comme le mien
J'aurais bien aimé te croiser sans faire exprès
Les fantasmes passent le mur des possibles
Pour si tu le veux bien t'embrasser
Sur la bouche et tout va mal
Enfin le bien le mal on n'en sait que dalle
J'aurais bien aimé t'embrasser sans faire exprès
Aux abords d'un fleuve en crue
Sonder nos abyssales, j'aime
Est-ce que le coeur reste le même
Pour s'enflammer
Beauté, beauté du diable
Tu n'en restes pas moins désirable
Que nos chairs prennent la suite
Entrouvertes au point de fuite
Et dans ce charmant manège
Faire des ratures sur blanche neige
Il se pourrait bien qu'un jour
A trop transpirer par toi
Je m'y love pour toujours
Et t'laisse un arrière goût d'émoi
J'aurais bien aimé t'aimer comme sans faire exprès
Puisque l'amour est ainsi
Et qu'un seul souffle éteint ça
Parce que "ailleurs", ça n'existe pas
Et qu'à trop s'mater le nombril on finit par perdre pied
Comme quand l'amour palpite dans un courant d'air
Je m'en irai toujours
J'ai un peu mal au coeur...
L'éternité de l'instant
>>> radio
Romain Humeau, c'est le chanteur et l'âme du groupe Eiffel. Mais pas seulement...
Extrait de sa bio :
" En tant que musicien et producteur, Romain signe en marge d'Eiffel des productions éclectiques : il remixe Dominique A, The Divine Comedy et signe les arrangements de cordes sur le dernier album de Noir Désir « Des visages, des figures ».
Sur la route de la tournée d'Eiffel, Romain ne cesse pas d'écrire. Il ne sait pas encore que les morceaux qu'il compose seront le levain de son premier album solo, celui qu'il ressent un besoin physique d'enregistrer pendant qu'Eiffel fait une pause. Livré à lui-même, il choisit de privilégier ses textes les plus personnels et d'ouvrir sa musique à des influences plus profondes.
La redécouverte de l'album « Low Estate » des américains de Sixteen Horsepower, aux sonorités à la fois folk et blues, agit comme un véritable révélateur. Inspiré également par l'authenticité de Nick Cave ou de Tom Waits, Romain recourt pour la première fois au banjo, à la guitare flamenca, aux cuivres... sans oublier pour autant les guitares acérées et tranchantes. Il a écrit, composé, arrangé et mixé l'album seul. S'il y joue de presque tous les instruments, le musicien a aussi choisi, pour l'accompagner, de faire appel aux talents de Bettina Kee (pianiste), Joe Doherty (multi-instrumentiste irlandais issu des rangs des Sons of the Desert, mais également croisé aux cotés de Zebda ou de Akosh S. Unit), Philippe Uminski (son ami d'enfance, leader de Montecarl et aujourd'hui en solo, à la basse et aux choeurs), Emiliano Turi (arrivé sur la dernière tournée d'Eiffel à la batterie), Jean-Paul Roy (bassiste de Noir Désir), Disco (des Recyclers, à la contrebasse)... L'enregistrement s'est étalé sur 6 mois, aussi bien en Angleterre qu'en France, à Bordeaux qu'à Angoulême, à la campagne, en studio, à la maison... Plus de deux heures de musique ont été mises en boite, plongeant parfois dans des délires psychédéliques intenses, mais Romain a choisi de ne garder que 12 morceaux (plus un autre, bien caché).
Si l'album comporte quelques fulgurances familières (« Sans Faire Exprès », « Prends ma main » dont le gimmick rappellera aux fans de David Bowie des bons souvenirs, « S'enflammer » et son intro en clin d'oeil à un certain Black Francis de Pixies), il emprunte des chemins de traverse, plus imprévus : le souffle tzigane de « Possédés », l'émotion de « Toi », ballade acoustique qui met la sensibilité de son auteur à nu, le phrasé presque hip-hop de "Je m'en irai toujours", le blues électrique de « Beauté du Diable » et son riff entêtant, le chant écorché de « Une vie invisible »... Mais le morceau de bravoure de cet album reste "L'éternité d'un instant" (écrit d'une traite, sans retouche, après un concert) : s'évadant du format "chanson" dont il connaît les règles sur le bout des mitaines, Romain compose une envolée symphonique puissante qui n'est pas sans rappeler le Ferré des années 70. C'est moins un hasard quand on se souvient que Eiffel avait repris « Le conditionnel de variété » sur un disque en hommage à Léo.
Au final, c'est un disque habité, bouillonnant, mené tambour battant. Il n'était pas encore terminé que l'artiste s'embarquait déjà pour une mini-tournée d'hiver (10 dates en décembre 2004) avant de retourner en studio y mettre la dernière touche. En même temps que l'organisation d'une étape du « KO Social » à Bordeaux en association avec les Têtes Raides. Et d'évoquer déjà, sur son site internet, des nouveaux projets : un second album solo qu'il réaliserait en seulement une semaine, une adaptation des textes de Boris Vian et une quinzaine de morceaux en chantier pour le troisième album de son groupe.
Romain Humeau n'avait pas abattu toutes ses cartes avec Eiffel : il dévoile un jeu encore plus riche qui le confirme, aussi bien en tant que compositeur qu'en tant qu'interprète, parmi les plus enragés d'une scène qui ne vivra qu'en s'ouvrant aux autres cultures. Son album se situe bien dans son époque : celle où il faut choisir son camp et où il faut savoir se battre. Avec sa chevelure bouclée noire et sa boucle d'oreille, Romain ressemble un peu à un pirate. Son rock sans concession, nourri à la passion et à l'aventure, fera toujours trembler les marins d'eau douce. Les flibustiers reconnaîtront un profil chevronné qui, d'escale en escale, force de plus en plus le respect."
Respect.
Et puis une ou deux chroniques sur l'album.
Edit :
J'ai viré les paroles, ça prenait un peu beaucoup de place pour pas grand chose, étant donné que vous pouvez les trouver à trois clics d'ici via le lien "site officiel" juste là au-dessus.
Qui plus est...
Alors bon.