Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
highlow.. mélange de contradictions
9 mars 2005

Pourtant le pire

Elle était allongée sur ce matelas au milieu de nulle part, dans un état qui frisait l'inconscience. Elle était incapable de bouger, étendue là comme ça, les bras et les jambes en croix, totalement nue.
A la lueur de la petite lampe posée à même le sol, elle essayait de distinguer ce qui l'entourait. Mais elle ne voyait rien, les murs semblaient trop loin et la lumière était trop faible, ou peut-être n'y avait-il pas de mur. Elle se sentait comme sur un radeau au milieu d'un océan de rien, sur ce matelas, et pourtant elle n'avait pas peur. Elle attendait le bourreau de son coeur.
C'était la première fois qu'elle s'offrait nue au regard d'un homme, qu'elle lui abandonnait son corps. Elle n'arrivait pas à bouger, et pourtant elle n'avait pas peur.
Ou plutôt si, mais une peur confiante, une appréhension naïve et floue.
Elle ne pouvait pas bouger, elle n'avait même plus la sensation de ses bras et de ses jambes, ils semblaient absents de son corps.
La drogue faisait effet. Ses yeux étaient trop sombres, ses pupilles grossies laissaient à peine la place à un vaporeux cercle bleu pâle, un iris presque inexistant.
Son regard fixa le vide au-dessus d'elle, chercha un repère, un plafond qu'elle ne trouva pas, et des sueurs froides l'envahirent sans qu'elle n'en frissonne mais elle étouffait. Brusquement elle se sentit s'enfoncer dans le matelas. Sa vision changea d'angle, s'agrandit comme si tout autour d'elle s'éloignait inexorablement. Elle ne voyait rien et pourtant le rien s'enfuyait. Elle devenait petite, de plus en plus petite, encore plus petite jusqu'à disparaître... Elle sombra, inconsciente.

Il était assis sur le bord du matelas maintenant, nu lui aussi. Il laissa glisser un doigt sur le corps abandonné, suivant la courbe d'un sein jusqu'à l'épaule, puis le cou, et déposa un baiser sur ce visage tellement frais, tellement doux, trop pâle, trop calme.
Elle avait dit avoir dix-huit ans, mais elle avait menti pour lui plaire, c'était sûr. Elle ne devait pas avoir plus de seize ans. C'est d'ailleurs ça qui l'avait attiré et poussé à devenir le bourreau de son corps.
Il était apaisé, calme lui aussi, sa passion assouvie pour un moment. Il ramassa la seringue sur le sol et la rangea dans son étui. Il se leva et se dirigea vers un coin sombre et là, dans l'obscurité, alluma la télévision et enclencha la touche "play" de la caméra.
Nu, à genou sur le ciment brut, il revoyait la scène en spectateur, fasciné. Au début, encore inconsciente, elle ne réagissait même pas. Il commença à se caresser quand sur l'écran elle se mit à gémir, et ses plaintes provoquèrent l'érection attendue. Le visage impassible, il se masturba lorsque les cris se transformèrent en hurlements, et dès qu'elle se tut, il jouit en silence sans une once d'expression.
Il resta là, son sexe dans la main, et se mit à pleurer devant le crépitement de la neige sur l'écran.

Après un moment il se leva et se rhabilla. Il retourna vers le corps inerte, dégagea la lame en laissant glisser sa main entre les cuisses et en essuya le sang sur le drap. De gestes vifs et déterminés il trancha les liens au niveau des poignets et des chevilles, roula le corps dans le drap et le fit basculer sur la bâche tendue à côté du matelas. Il l'enveloppa, le ficela, et le traîna jusque dans la chambre froide.

En fermant la porte du hangar, il se demandait où il allait se débarrasser du corps cette fois. Il regarda sa montre, il était en retard. Ses enfants allaient certainement encore lui en vouloir.
 

Publicité
Publicité
Commentaires
1
Bordel, j'y crois pas...<br /> Les Marronniers...
M
V.. tes mots sont peut-être rares mais ils sont beaux..
H
Un courant d'air intérieur repousse ma peau à l'extérieur. Glacial.
M
Ah ça fait bizarre hein ?!<br /> <br /> Kamui.. euh.. que répondre ?..<br /> <br /> nausicaa.. merci de pas mourir à l'insu de ton plein gré.. et pour ton texte..<br /> <br /> Kadi.. t'as qu'à en profiter pour faire des muffins chocolat au lait et noisette, c'est terrible..<br /> <br /> Alyzarine.. je prends le baiser, mais j'en ai le souffle coupé.. et puis la réalité de ce que tu racontes, ça, ça me donne vraiment froid dans le dos..<br /> <br /> Barnabé.. Barnabé, Barnabé.. :)<br /> <br /> Jujuly.. t'as tout comprendu toi hein !..<br /> <br /> Hémi.. ben qu'est-ce que tu veux qu'j'te dise de plus ?..
H
Mazette... Les nouvelles sont fraîches. Tellement que ça m'a fait un peu froid dans le dos. Bonne idée en tous les cas de s'y atteler.
Publicité
Archives
Publicité